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Julián Ocaña : « Tous les jours je suis confronté à cette réalité de promouvoir le français, la culture française et tout ce qui est rattaché »


Le 9 mai le directeur de l’Alliance Française à Madrid a ouvert les portes de son bureau à Madrigalia pour répondre à nos questions.



Julián Ocaña, directeur de l'Alliance française à Madrid

Vous êtes licencié en Philosophie et Lettres et en Philologie Hispanique par l’Université de Paris X [aujourd’hui Université Paris Nanterre] et vous avez aussi obtenu le certificat CAPES [Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré] et le certificat FLE [Français comme langue étrangère]. D’où vient cet intérêt par les langues, la littérature et l’enseignement ?

Cela vient de très tôt. Je pense que tout jeune j’ai ressenti une sorte d’admiration pour qui s’est situé sur l’estrade pour nous enseigner des contenus diverses ; l’histoire m’intéressait beaucoup et, par exemple, il se trouvait à un moment de mon expérience de formation j’ai eu un très bon professeur de littérature française et je pense que cela a déclenché en moi l’idée d’abord de pouvoir moi aussi me situer sur l’estrade et de transmettre des connaissances parce que j’avais, moi, expérimenté cette admiration pour ce qui me transmettrait justement un savoir.

Ma langue maternelle a été l’espagnol, puisque mes parents étaient des enfants de réfugiés politiques espagnols, mes grands-parents, qui après la guerre civile d’Espagne sont allés s’expatrier en France et mes parents sont allés en France tout jeunes.  Aujourd’hui, probablement, le français est la langue dans laquelle je m’exprime le mieux, quoique je crois que je suis un véritable bilingue en français et en espagnol. Mes études m’ont facilité ces résultats d’être un vrai bilingue. Je parle espagnol depuis que je parle et j’ai appris le français à l’école et je suis devenu professeur de français et professeur de FLE, parce que j’ai une formation FLE, effectivement très tôt. J’ai fait le stage de Saint-Nazaire à l’époque, la formation FLE par excellence. Cela m’a conduit ensuite à avoir des responsabilités quand je suis arrivé en Espagne il y a 30 ans à l’Alliance française et ensuite à revenir à l’Alliance française 30 ans après.

Comme directeur de l’Alliance, quel est votre rôle dans la promotion du français et des cultures francophones ?

L’Alliance française a deux missions essentielles : l’enseignement des français et la diffusion de la culture française et francophone. Je crois que tous les jours, au quotidien, je suis responsabilisé de tout cela. L’Alliance française de Madrid n’a aucune aide, n’a aucune subvention autre que ce qu’elle est capable de générer en terme de ressources : les cours de français qu’elle propose au publique espagnol, les séjours linguistiques que nous offrons à nos clients qui veulent partir en France, le Canada, la Suisse ou la Belgique pour y apprendre le français ou quelquefois d’autres activités, comme les activités sportives, qui leur permettent d’associer l’apprentissage de la langue avec des éléments qui font partie de la culture aussi. Et aussi nos certifications, ce qui permet de pouvoir donner à nos apprenants une certification sur le niveau officiel qu’ils ont. Je dirais donc que tous les jours je suis confronté à cette réalité de promouvoir le français, la culture française et tout ce qui est rattaché.

Selon vous, que différencie l’Alliance d’autres institutions qui ont une mission similaire ?

La différence entre ce que peut être un centre de langues « général », comme peut être la escuela de idiomas ou una academia et l’Alliance française est que, d’abord, nous sommes un centre d’enseignement et de diffusion de la culture. Nous représentons donc le réseau culturel français à l’étranger. C’est une grande différence. Nous enseignons également l’espagnol, d’ailleurs. Nous avons une activité d’enseignement d’espagnol pour le personnel du Lycée français de Madrid, par exemple, quelquefois pour le personnel expatrié qui arrive ici en Espagne, qui a une connaissance limitée de l’espagnol.

Le deuxième point est que nous offrons des certifications officielles de français, ce que n’offrent pas tous les autres centres de langues. Par ailleurs, je crois que nous sommes le centre culturel et d’enseignement de langue le plus ancien du monde. Nous avons fêté l’année dernière, en 2023, nos 140 ans. Ces 140 ans qui nous situent avant la création, par exemple, du British Council ou de l’Instituto Cervantes et nous donnent une longue tradition historique d’enseignement du français par tout dans le monde. C’est très difficile d’imiter l’Alliance française probablement. Ce sont des caractéristiques très particulières.

Puis nous avons aussi des valeurs. Nous sommes une organisation qui n’a pas de médisances politiques ni religieuses. Je pense que cela nous donne quand même une conscience de transmettre des valeurs comme l’humanisme, la diversité, le respect des cultures. Je crois que l’ancrage local est un autre aspect important dans l’Alliance. On peut dire, curieusement, que l’Alliance française n’est française qu’en France. Nous dépendons de la législation locale sur les associations et je crois que cela nous donne effectivement une trajectoire culturelle, historique, éthique et morale importante.

L’Alliance Française organise différents événements et activités pour promouvoir la langue et la culture françaises et francophones. En suivant quels critères les créez-vous ? Comment évaluez-vous leur succès ?

Au mois de mars nous avons eu la IXe Muestra de Cine Francófono que nous organisons ici à Madrid et qui réunit plus de 14 pays inscrits dans la francophonie comme la Suisse, la Belgique, le Luxembourg, des pays africains comme le Maroc, la Tunisie, Burkina Faso… Cela est un premier rendez-vous très important pour nous. Nous l’organisons avec Cineteca Madrid et plusieurs ambassades qui nous accompagnent tous les ans dans la création de ce festival qui traduit la richesse et la diversité de tout ce qui est la francophonie. Cet événement représente ce que sont les valeurs que promeut et que défend l’Alliance Française : la diversité, la culture francophone et la richesse à travers les différents continents comme l’Europe, l’Afrique ou même l’Amérique. Différentes réalités géographiques qui se réunissent à un moment donné pour démontrer leur dynamisme.

 Nous avons également à l’automne, aux mois d’octobre et novembre, le Festival de cultures urbaines que nous organisons avec l’Institut Goethe. C’est un très bel exemple de ce qu’est l’Alliance Française. Il ne faut pas oublier que l’Institut Goethe, culturellement, vient d’un pays avec lequel la France a été en guerre pendant presque toute son existence. Comme pays, c’est donc très intéressant de voir comment la culture arrive à rapprocher des pays en guerre pendant pratiquement toute leur histoire, notamment au début du XXe siècle. Aujourd’hui c’est justement avec eux qu’on organise un festival de cultures urbaines qui est, à mon avis, la mise en avant de manifestations culturelles qui ne sont pas nécessairement des manifestations universitaires ou académiques. Ici on parle d’expressions urbaines plus modestes mais tout aussi importantes comme le rap, le graffiti, le slam, c’est-à-dire une version moderne de ce que pourrait être la poésie, la dance, le hiphop… Ce qui à l’origine constituait les manifestations que nous englobions dans le terme cultures urbaines aujourd’hui. Nous avons intégré aussi la cuisine, la gastronomie, la mode, avec des manifestations comme la récupération d’éléments textiles, le reconditionnement pour les réutiliser, dans le cadre de ce que l’on pourrait considérer une manifestation plus écologique. Pour la cuisine, dont j’ai parlé, nous avons reçu un cuisinier étoilé Michelin qui a fait des ateliers pour travailler dans les zones défavorisées de Madrid avec la population immigrée. Pour nous, il est au moins une expression de la culture que nous défendons avec un ancrage très local et avec une intégration du public qui, normalement, a un accès plus difficile à cette culture.     

Outre les compétences linguistiques, quelles autres aptitudes stimulez-vous dans l’Alliance ?

Nous avons un intérêt particulier pour la pédagogie à l’Alliance française. Je crois donc que dans notre apprentissage de la langue française la culture a toujours une importance particulière. On ne peut pas avoir une compréhension complète d’une langue sans avoir aussi une connaissance des éléments qui constituent cette particularité. Cela est que l’on appelle la culture, finalement. Savoir son cinéma, sa musique... Ce sont tous les éléments que nous intégrons dans notre apprentissage. Je dirais qu’aujourd’hui il faut être capable d’intégrer tout ce que l’intelligence artificielle peut nous apporter comme une ressource pédagogique, à savoir des systèmes d’image dynamique, les réseaux sociaux – Instagram, Tiktok – parce que si non, on va s’aliéner toute une série de publics qui sont fondamentaux : le public adolescent et jeune adulte, qui sont en contact permanent avec cette réalité.

Quels sont les principaux défis que l’Alliance française affronte aujourd’hui ? Quelles sont les stratégies que vous suivez pour les aborder ?

Justement les principaux défis sont ceux dont je viens de parler. Nous souffrons aujourd’hui énormément d’une concurrence de plateformes qui offrent des apprentissages à dit prix, défiant toute concurrence, ce qui ne nous permet pas de lutter contre cela. Nous offrons de la qualité, des garanties, des certifications. Nous avons des équipes pédagogiques qui ont une longue ancienneté. Il y a de professeurs qui ont fait leur vie professionnelle à l’AF. Nous avons des professeurs qui vont prendre leur retraite cet été et qui ont plus de 30 ans d’ancienneté à l’Alliance française.  Ce sont des structures lourdes et donc coûteuses, qui prend beaucoup de temp, et nous avons du mal à lutter contre des concurrences qui n’ont pas de structure et qui souvent utilisent des personnels qui n’ont pas de contrat et qui se situent dans des pays où ils ne paient pas d’impôts. Cependant, nous aurons très probablement une application chatbot à la rentrée en septembre pour pouvoir offrir aussi, de notre côté, les mêmes éléments qu’offrent ces plateformes qui, souvent, en termes de résultats, n’obtiennent que des résultats assez médiocres, mais avec la pédagogie et les « armes » de l’Alliance française pour se battre afin de nous différencier en ces temps de transformation numérique.


 

Julián Ocaña : «Cada día promuevo el francés, la cultura francesa y todo lo que ello conlleva»



El pasado 9 de mayo el director de la Alianza Francesa de Madrid abrió las puertas a Madrigalia para responder a nuestras preguntas.


Julián Ocaña, director de la Alianza Francesa de Madrid.

Usted es licenciado en Filosofía y Letras y en Filología Hispánica por la Universidad de París X [actual Université Paris Nanterre] y ha obtenido el certificado CAPES [Certificado de Aptitud para la Enseñanza Secundaria en Francia] y el certificado FLE [Francés como Lengua Extranjera]. ¿De dónde viene este interés por las lenguas, la literatura y la enseñanza?

Es algo que me viene de muy pequeño. Ya entonces sentía una especie de admiración por los que se subían a la tarima para enseñar las distintas materias; la historia me interesaba mucho y, por ejemplo, tuve a un profesor muy bueno de literatura francesa durante mi formación y creo que eso fue lo que me hizo pensar que yo también podía subirme ahí y enseñar, porque yo mismo había sentido esa admiración por los que me enseñaban.

Mi lengua materna es el español, ya que mis padres eran hijos de refugiados políticos españoles, mis abuelos, que se fueron a vivir a Francia después de la Guerra Civil española, y mis padres se fueron a Francia muy jóvenes.  A día de hoy, el francés es probablemente el idioma en el que mejor me expreso, aunque realmente creo que soy bilingüe en francés y en español. Mis estudios me han facilitado serlo. Hablo español desde que aprendí a hablar y aprendí el francés en el colegio. Después me convertí en profesor de francés y de FLE muy pronto. En su momento hice el curso de Saint-Nazaire, la formación de FLE por excelencia. Esto me llevó a asumir responsabilidades cuando llegué a España hace 30 años en la Alianza Francesa y a volver a la Alianza Francesa 30 años después.  

Como director de la Alianza, ¿cuál es su papel dentro de la promoción del francés y las culturas francófonas a nivel global?

La Alianza Francesa tiene dos misiones principales: la enseñanza y la difusión de las distintas variedades del francés y de las culturas francófonas. Creo que todos los días soy el responsable de todo esto. La Alianza Francesa de Madrid no recibe ningún tipo de ayuda ni de subvención más allá de lo que genera con sus recursos: los cursos de francés que ofrece al público español, las estancias lingüísticas que ofrecemos a nuestros clientes que quieren ir a Francia, Canadá, Suiza, o Bélgica a aprender francés o, a veces, a realizar otras actividades por ejemplo deportivas, que permiten combinar el aprendizaje de la lengua con elementos que también forman parte de la cultura. Y luego, nuestras certificaciones. El hecho de que podamos dar a nuestros alumnos una certificación del nivel oficial que tienen. Así que diría que cada día promuevo el francés, la cultura francesa y todo lo que ello conlleva.

En su opinión, ¿qué es lo que destaca la Alianza frente a otras instituciones con un cometido parecido?

La diferencia entre lo que podría ser un centro de idiomas, como una escuela de idiomas o una academia, y la Alianza Francesa es que, en primer lugar, somos un centro de enseñanza y difusión de la cultura, de manera que representamos a la red cultural francesa en el extranjero. Esta es una gran diferencia. También enseñamos español. Enseñamos español al personal del Liceo Francés de Madrid, por ejemplo, y a veces también al personal expatriado que llega a España con un conocimiento limitado del español. Por otro lado, también ofrecemos certificaciones oficiales de francés, cosa que no ofrecen el resto de los centros de idiomas. Además, creo que somos el centro cultural y de enseñanza de idiomas más antiguo del mundo. El año pasado, en 2023, celebramos nuestro 140º aniversario. Estos 140 años preceden a la creación del British Council y del Instituto Cervantes y nos dotan de una larga tradición en la enseñanza del francés en todo el mundo. Probablemente sea muy difícil imitar la Alianza Francesa. Son características muy específicas. Asimismo, tenemos unos valores. Somos una organización sin sesgos políticos ni religiosos. Creo que eso nos permite transmitir el humanismo, la diversidad y el respeto a las culturas. El arraigo local me parece otro aspecto importante. Por extraño que parezca, podría decirse que la Alianza Francesa solo es francesa en Francia. Esto se debe a que dependemos de la legislación local en materia de asociaciones y creo que esto nos aporta una trayectoria cultural, histórica, ética y moral importante.

La Alianza Francesa organiza diferentes eventos y actividades para difundir la lengua y cultura francesas y francófonas, ¿en base a qué criterios los crean? ¿Cómo evalúan el éxito de estos?

En marzo celebramos la IX Muestra de Cine Francófono aquí en Madrid, que reúne a más de 14 países pertenecientes al mundo francófono: Suiza, Bélgica, Luxemburgo, y países africanos como Marruecos, Túnez o Burkina Faso. La organizamos en colaboración con Cineteca Madrid y varias embajadas que nos apoyan cada año en la creación de este festival, lo que refleja la riqueza y la diversidad de la francofonía. Este evento representa los valores que la Alianza Francesa promueve y defiende: la diversidad, la cultura francófona y la riqueza en los diferentes continentes. Las distintas realidades geográficas se unen en un mismo momento para hacer patente su dinamismo.

En otoño, en los meses de octubre y noviembre, tenemos también el Festival de Culturas Urbanas que organizamos junto con el Instituto Goethe. Este es un gran ejemplo de lo que representa la Alianza Francesa. No podemos olvidar que el Instituto Goethe, culturalmente hablando, procede de un país con el que Francia estuvo en guerra durante la mayor parte de su existencia, así que es muy interesante ver cómo la cultura consigue unir a países que estuvieron en guerra durante la mayor parte de su historia, especialmente a principios del siglo XX. Sin embargo, hoy en día es precisamente con ellos con quienes estamos organizando un festival de culturas urbanas que, en mi opinión, es la puesta en escena de manifestaciones culturales que no son necesariamente universitarias o académicas. Aquí hablamos de expresiones urbanas más modestas, pero no menos importantes como el rap, el graffiti, el slam –una versión moderna de la poesía, la danza o el hip-hop. También hemos incorporado la gastronomía y la moda, con la reutilización de telas como parte de lo que podría llegar a considerarse un gesto más ecológico. Con respecto a la cocina, que ya he mencionado antes, contamos con un chef con estrella Michelín que imparte talleres en zonas desfavorecidas de Madrid para la población inmigrante. Para nosotros, esto es una expresión de la cultura que estamos defendiendo, con raíces muy locales y con una integración del público que normalmente tiene más dificultades para acceder a ella.

Además de las destrezas lingüísticas, ¿qué otras capacidades se fomentan en los alumnos que forman parte de la Alliance?

En la Alianza Francesa nos interesamos especialmente por la pedagogía, por lo que creo que, a la hora de aprender francés, la cultura siempre tiene una especial relevancia. No se puede comprender completamente una lengua sin conocer además los elementos que la caracterizan. Al fin y al cabo, eso es lo que llamamos cultura. Conocer el cine, la música… Todo eso son elementos que debemos integrar en nuestro aprendizaje. Me atrevería a decir que hoy en día deberíamos integrar como recurso didáctico todo lo que nos puede aportar la inteligencia artificial, es decir, los sistemas dinámicos de imágenes o las redes sociales como Instagram o TikTok, porque si no, acabaremos apartando a todo un sector de público fundamental: los adolescentes y los jóvenes adultos que están constantemente en contacto con esta realidad. 

¿Cuáles son los mayores desafíos de la Alianza Francesa en la actualidad? ¿Qué estrategias están siguiendo para hacerles frente?

Los principales retos son precisamente los que acabo de mencionar. Actualmente nos enfrentamos a la gran demanda de plataformas que ofrecen formación a determinados precios, desafiando toda posibilidad de competir y que no nos permite luchar contra eso. Nosotros ofrecemos calidad, garantías y certificación. Contamos con profesores que llevan toda su carrera profesional en la Alianza. Algunas de ellas se jubilarán este verano después de más de 30 años en aquí. Se trata de una estructura densa y, por lo tanto, costosa, que nos quita mucho tiempo, y nos cuesta competir contra empresas que no tienen estructura, que a menudo tiene personal sin contrato y que tienen su sede en países donde no pagan impuestos. Sin embargo, muy probablemente dispondremos de una aplicación chatbot al inicio del nuevo curso académico para poder ofrecer los mismos elementos que estas plataformas, que a menudo solo consiguen resultados bastante mediocres, pero con la pedagogía y las “armas” de la Alianza Francesa para luchar por diferenciarnos en estos tiempos de transformación digital.


Noemí Martínez Rubio

Estudiante del Máster Hispanofrancés en Lengua Francesa Aplicada

UCM - Sorbonne Université

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